La Fondation MJID : du bien public à l’image personnelle

Mon père a créé sa fondation pour poursuivre une mission de service, d’intégrité et de fierté marocaine, et non pour se rendre hommage. Elle reposait sur des valeurs, non sur la vanité. Ceux qu’il avait choisis pour la diriger avec lui l’étaient pour leur droiture, leur compétence et leur engagement partagé envers la mission, pas pour leur allégeance envers avec lui.

Après son décès, tout a changé.

Soufiane Elkabous avait déjà préparé le terrain. Avant la mort de mon père, il l’avait convaincu de nommer l’un de ses partenaires comme avocat de la fondation. Ce même homme qui m’avait ensuite assurée que tous mes papiers d’héritage étaient en sécurité chez lui, que je devais retourner aux États-Unis pour finaliser des formalités avant de prendre possession de la maison de mes parents et de leurs autres biens à Casablanca, et qu’il veillerait personnellement à ce que le transfert se fasse sans problème. Je n’ai jamais revu ces documents.

Ce qui suivit ne fut pas une transition. Ce fut une prise de contrôle totale.

Soufiane Elkabous a méthodiquement écarté toutes les personnes que mon père avait personnellement choisies pour poursuivre son œuvre. Les compétents et les bienveillants. Les médecins, les architectes, les professionnels et les rêveurs. Des personnes qui avaient leur propre carrière, mais qui consacraient chaque jour du temps, aux côtés de mon père, au service du pays. Pas un seul n’est resté.

À leur place : des intéressés, des opportunistes, des membres de sa famille, et des flagorneurs. Tous à son image. Des personnes qui doivent leur position uniquement à leur loyauté envers Elkabous et envers lui seulement, non au mérite, et encore moins à la mission.

La fondation n’honore plus le travail de mon père. Elle est devenue une vitrine de promotion pour Soufiane Elkabous. Son visage, son image, son récit. Les réseaux sociaux regorgent de photos et de publications le présentant comme le continuateur de la mission de mon père. En réalité, il a trahi tout ce que mon père défendait.

Mon père avait mis son œuvre et son image au service de la fondation. Aujourd’hui, cet imposteur utilise la fondation pour se promouvoir lui-même. Ce qui avait été bâti pour servir les autres est devenu un outil d’autopromotion.

Il a utilisé la fondation pour obtenir des financements d’entreprises privées et d’organismes publics, sous prétexte que l’intégrité et l’impact d’origine étaient toujours là. Et bien qu’un certain niveau de continuité et de service subsiste peut-être, ils ne sont plus au cœur de la fondation. Les priorités ont changé. L’image aussi. L’individu désormais au centre de tout cela a détourné la fondation pour se construire et projeter une image artificiellement valorisée de lui-même.

Les fondations bien gérées profitent à la société. Elles ne devraient jamais être autorisées à trahir cette confiance. Cela nécessite un contrôle indépendant et transparent, portant sur les personnes aux commandes, l’intégrité des processus, et l’efficacité de l’utilisation des fonds. À tout le moins, les fondations devraient être tenues de publier le pourcentage des fonds reçus effectivement utilisés pour l’intérêt public, par rapport à la part consacrée aux frais de fonctionnement, les salaires internes, les avantages, les voitures et l’administration. Sans de tels indicateurs, le mot “association” devient un simple label, une excuse plutôt qu’un engagement. Je sais que la fondation de mon père aurait passé ce type de contrôle facilement lorsqu’il la dirigeait. Survivrait-elle à cet examen aujourd’hui ?

L’imposteur est même allé jusqu’à se renommer “Soufiane Elkabous MJid” sur le site officiel de la fondation, plaçant sa propre image juste en dessous de celle de mon père. M’Jid n’est pas son nom. Cela ne l’a jamais été. Il n’y a aucun lien de sang. Il n’y a aucune base légale. C’est un mensonge. Une fiction présentée comme un fait, pour un profit personnel et un mensonge public.

Les donateurs savent-ils que “Soufiane Elkabous M’Jid” est un faux nom ? Et s’ils le savent, se sont-ils demandé quoi d’autre pourrait être faux ? Est-il possible qu’on leur ait présenté une image de continuité et de service public qui ne reflète plus la réalité ? Est-il possible que les donateurs aient été induits en erreur ? Les donateurs savent-ils s’ils financent un train de vie, de l’autopromotion, de la vanité et du népotisme ? Croient-ils vraiment soutenir encore une cause juste, sans se rendre compte à quel point cette cause a pu s’éloigner de son objectif initial ?

Papa avait créé et dirigé la fondation pendant plus de quatorze ans, l’utilisant pour améliorer et enrichir la vie des autres. Elkabous, lui, a fait exactement l’inverse. Il s’est servi de la fondation pour rehausser indûment son statut, s’enrichir, et tirer un bénéfice personnel d’un nom et d’une réputation qu’il a volés. 

Je reviendrai sur le vol de mon héritage, commis par l’escroc et ses complices, ainsi que sur le choix du silence fait par d’autres. Mais d’abord, la vérité sur ce qu’il était advenu de la fondation à laquelle mon père tenait tant qu’il lui avait donné son nom, mon nom, devait être dite. 

Mise à jour (août 2025) : À la suite de la publication de cet article, le site de la fondation a été discrètement modifié et le faux nom a été retiré. Une mise à jour détaillée est publiée ici.

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